C’est un ouvrage passionnant qui réussit le tour de force d’être d’abord un roman politique (probablement le plus politique des livres de Dostoïevski) mais aussi un texte social, intime et philosophique. Connu aussi sous le titre "Les Possédés" à cause d'une première traduction publiée chez Plon en 1886, il a gardé son titre, "Les Démons", plus fidèle à la version russe depuis 1955. Dans ce roman, l'écrivain livre un pamphlet furieux contre les contempteurs de l’ordre russe – nihilistes, socialistes, anarchistes, intellectuels révolutionnaires (dont il fut un des membres auparavant) ou simplement libéraux – qu’il considère comme des semeurs de chaos. Tous les personnages de l'univers créés par Dostoïevski sont en fait possédés par un démon, le socialisme athée, le nihilisme révolutionnaire ou la superstition religieuse. Ce roman de tragédie et de mort est en soi l'incarnation des doutes et des angoisses de Dostoïevski sur l'avenir de l'homme et de la Russie.