Une robe rouge et un livre d'Emmanuel Kant "Qu'est-ce que les Lumières?" vont plonger une jeune femme, doublement enfermée dans l'ignorance et dans un habit noir qui la couvre de la tête aux pieds, dans une profonde réflexion. Avec un style très poétique, des phrases parfois ponctuées d’un silence bienvenu, un symbolisme puissant (les envolées sur le rouge de la robe qui fait écho autant à la vie qu’à la mort sont très belles), une narration au présent et à la troisième personne, Lamia Berrada-Berca nous prend par la main et nous entraîne dans la tête d’Aminata. Sa représentation d’elle-même et du monde se transforme. Elle se penche, pour la première fois de sa vie, sur son identité, sur l’espace dans lequel elle évolue et pourrait évoluer, sur sa place ou sa non-place, celle de sa petite fille qu’elle ne veut surtout pas voir devenir son exacte réplique. À l'aide de personnages presque archétypiques, de situations somme toute vraisemblables, ce livre est une déclaration d’amour aux livres, au savoir et à la culture qui est loin d’être antinomique avec la croyance et la foi ; bien au contraire. Aussi, l'écrivaine a intégré, dans les dernières pages de son roman, des textes de Montesquieu, d’Olympe de Gouges, de Voltaire, de George Sand et d’autres… des textes sur l’émancipation et la liberté des femmes contre toute superstition et tout fanatisme.