Dans un monologue, adressé à son avocat puis à son psychiatre, un adolescent désenchanté de 15 ans, qui vit dans une Tunisie de 2021, exprime sa colère, sa rage, sa déception, sa souffrance après une série d'événements qui l'a amené à tirer sur son père, sur un agent de la municipalité, sur le maire et sur le ministre de l'Environnement après que Bella, une chienne qu'il a recueillie et élevée, a été abattue. «Bella était son amie, Bella était son amour. Bella était tout ce qui a compté et qui ne comptera plus.» Il a tiré sur leurs mains, toujours sur leurs mains qui ont le droit de vie ou de mort sur les êtres. Il a tiré comme on crie, de douleur, de souffrance, de révolte. Avec sa plume vive, nerveuse voire pressée, Yamen Manaï nous emporte dans ce tourbillon de rage non dénué de sensibilité, de tendresse et de douceur, notamment quand l'adolescent évoque Bella. «Dans ce monde de façades, ce qu’il y a de plus précieux est ce qui coûte le moins. Un livre, une étreinte, et l’amour, l’amour, ne serait-ce que celui d’un chien.»